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ESSAI SUR L’ASTRONOMIE.

Mère antique du monde, ô nuit, peux-tu me dire
Où de ce Dieu caché la grandeur se retire ?
Soleils multipliés, soleils, escortez-vous
Cet astre universel qui vous anime tons ?
En approchant de lui, pourrais-je entendre encore
Ces merveilleux concerts dont jouit Pythagore,
Et que forment sans cesse, en des tons mesurés,
Tous les célestes corps l’un par l’autre attirés ?
D’autres en retirait la savante harmonie ;
Moi, je sens succomber mon trop faible génie.
Et vous, qui m’avez vu, repoussant le sommeil,
Franchir les airs, chanter par-delà le soleil,
Si de plus grands efforts plaisent à votre audace,
Il est un Cassini, digne encor de sa race[1],
Qui s’offre à vous guider, qui règne en ce séjour
Où la sage Uranie a rassemblé sa cour.
Ainsi que ses aïeux la déesse l’inspire ;
C’est par eux que, cent ans, elle accrut son empire :
Tout ce qu’ont dit mes vers, leur compas l’a prouvé.
Au ciel, d’où je descends, tous les jours élevé,
Leur fils suit leur exemple : il sait, d’une main sûre,
Régler les mouvements des astres qu’il mesure.
Quand la lune, arrondie en cercle lumineux,
Va, de son frère absent, nous réfléchir les feux,

  1. Cette famille, illustre dans les sciences, complaît quatre générations d’astronomes, depuis Dominique Cassini, appelé en France par les bienfaits de Louis XIV, jusqu’à M. Cassini, son arrière petit-fils, membre de l’Académie des Sciences.