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ESSAI SUR L’ASTRONOMIE.

Qu’il foule aux pieds la mort, et, quand l’homme succombe,
L’instruise à mépriser les terreurs de la tombe[1].
Éloquent défenseur d’un dogme criminel,
Lucrèce dit en vain que l’esprit est mortel ;
Le sien vivra toujours ; mais à tant de génie
Pourquoi tant d’ignorance est-elle réunie ?
Il veut qu’au haut du ciel, l’œil immense du jour
N’ait que cet orbe étroit dont j’embrasse le tour ;
Il se figure, enfin, qu’au réveil de l’aurore,
Mille feux s’élevant des monts qu’elle colore
S’arrondissent en globe, et d’un soleil nouveau[2],
Tous les jours, dans les airs, vont former le flambeau.
Vérité qu’on fuyait, il est temps de renaître !
Cieux, agrandissez-vous : Copernic va paraître !
Il parait, il a dit : et les cieux ont changé.
Seul, au centre du sien, le soleil est rangé ;
Il y règne, et de loin voit la terre inclinée
Conduire obliquement les signes de l’année,
Et montrant par degrés ses divers horizons,
En cercle, autour de lui, ramener les saisons.
Ô grand astre, ô soleil ! ta loi toute puissante
Régit de l’univers la sphère obéissante.
Depuis l’ardent Mercure, en tes feux englouti,
Jusqu’à ce froid Saturne, au pas appesanti,
Qui prolonge trente ans sa tardive carrière,
Ceint de l’anneau mobile où se peint ta lumière,

  1. Voyez les troisièmes, quatrième et cinquièmes livres de Lucrèce.
  2. C’est dans le cinquième livre de Lucrèce qu'on trouve cette bizarre opinion.