Réjouis-toi, Memphis, entonne des concerts :
L’éclatant Sirius se lève dans les airs ;
Avec lui dans les champs l’abondance est venue ;
Le Nil s’enfle, et du fond de sa grotte inconnue
Épanche de ses flots le tribut renaissant ;
Son front porte d’Isis le mobile croissant ;
Une urne est dans ses mains, où, d’or pur enrichie,
Brille du firmament l’image réfléchie ;
Et les ailes du sphynx en ombragent le tour.
La rive au loin résonne ; et le dieu tour à tour
Compte, et nomme, et bénit les étoiles propices,
Qui, soulevant le poids de ses eaux bienfaitrices,
Ont donné le signal des moissons et des jeux[1].
Hélas ! qu’ils sont changés ces rivages fameux !
L’Alcoran à la main, l’ignorance stupide
S’assied sur les remparts où méditait Euclide[2] :
Elle y commande seule ; et c’est là qu’autrefois
Hipparque à la science imposa d’autres lois.
De la voûte étoilée il élargit l’enceinte[3],
Et toujours de ses pas elle a gardé l’empreinte.
Mais que d’erreurs encor ! Les deux trop entassés
Dans des cieux de cristal tournaient entrelacés ;
Et les astres, conduits par le seul Ptolémée,
Publièrent mille ans sa fausse renommée.
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ŒUVRES DE FONTANES