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ESSAI SUR L’ASTRONOMIE.

Cacha longtemps ses lois aux mortels curieux ;
En vain sollicité par nos premiers aïeux,
Il s’ouvrit à nous seuls ; et, vaincu par nos veilles,
Au verre industrieux confia ses merveilles.
 Cependant, vers l’Euphrate, on dit que des pasteurs,
Du grand art de Kepler rustiques inventeurs,
Étudiaient les lois de ces astres paisibles
Qui mesurent du temps les traces invisibles,
Marquaient et leur déclin et leur cours passager,
Le gravaient sur la pierre ; et du globe étranger
Que l’univers tremblant revoit par intervalle,
Savaient même embrasser la carrière inégale[1].
Ainsi l’Astronomie eut les champs pour berceau ;
Cette fille des deux illustra le hameau.
On la vit habiter, dans l’enfance du monde,
Des patriarches-rois la tente vagabonde,
Et guider le troupeau, la famille, le char,
Qui parcouraient au loin le vaste Sennaar.
Bergère, elle aime encor ce qu’aima sa jeunesse :
Dans les champs étoiles, la voyez-vous sans cesse
Promener le taureau, la chèvre, le bélier,
Et le chien pastoral, et le char du bouvier ?
Ses mœurs ne changent point : et le ciel nous répète
Que la docte Uranie a porté la houlette.
 Bientôt le laboureur imita le berger :
De saison en saison il sut interroger
Les signes immortels qui brillent sur nos têtes,
Et régler sur leur cours ses travaux et ses fêtes.

  1. Les tables chaldéennes.