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LA FORÊT DE NAVARRE[1].


 Forêt qui, triomphant et du fer et de l’âge,
Dans les eaux de l’Iton rafraîchis ton feuillage,
Navarre, cache-moi sous ta sombre épaisseur !
Souvent, le fer en main, un barbare chasseur,
Dès l’aurore appelé sous tes voûtes riantes,
Au son du cor, au bruit des meutes aboyantes,
Immola dans ses jeux le cerf infortuné,
D’un panache royal tous les ans couronné,
Hôte innocent des bois qui, sans inquiétude,
Loin de l’homme, habitait leur vaste solitude.
Moi, pour des jeux plus doux, dans ton sein retiré,
Satisfait d’être seul, par ton calme inspiré,
Sans effrayer ces daims que mon regard voit paître,
Je veux t’offrir les sons de ma lyre champêtre.
Le poète aime l’ombre, il ressemble au berger.
Forêt de la Neustrie, un poète étranger

  1. La Forêt de Navarre est la première pièce de poésie un peu considérable qui ait fait connaître le nom de Fontanes ; elle fut d’abord publiée dans l’Almanach des Muses de 1780. On la donne ici telle que l’auteur l’avait revue et préparée pour l’édition définitive.