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M. DE FONTANES

peut-être pas ainsi d’autres actes importants et mémorables d’alors, sous lesquels il y aurait lieu à meilleur droit, et sans avoir besoin d’apologie, d’entrevoir la plume de M. de Fontanes[1].

Les sentiments, en tout temps publiés ou consignés dans ses vers, font foi de la sincérité avec laquelle, au milieu de ses regrets, il dut accueillir le retour de la race de Henri IV. Encore grand-maître lors de la distribution des prix de 1814, il put, dans son discours, avec un côté de vérité qui devenait la plus habile transition, expliquer ainsi l’esprit de l’Université sous l’empire : « Resserrée dans ses fonctions modestes elle n’avait point le droit de juger les actes politiques ; mais

  1. Fontanes, littérateur, aimait l’anonyme ou même le pseudonyme. Il publia la première fois sa traduction en vers du passage de Juvénal sur Messaline sous le nom de Thomas, et, pour soutenir le jeu, il commenta le morceau avec une part d’éloges. Je trouve (dans le catalogue imprimé de la bibliothèque de M. de Châteaugiron) une brochure intitulée : Des Assassinats et des Vols politiques, ou de Proscriptions et des Confiscations, par Th. Raynal (1795), avec l’indication de Fontanes, comme en étant l’auteur sous le nom de Raynal : mais ici il y a erreur : l’ouvrage est de Servan. Dans les petites Affiches ou feuilles d’annonces du 1er thermidor an VI, se trouvent des vers sur une violette donnée dans un bal :

    Adieu, Violette chérie,
    Allez préparer mon bonheur…


    La pièce est signée Senatnof, anagramme de Fontanes. Dans le Journal littéraire, où il fut collaborateur de Clément, il signait L, initiale de Louis. Il deviendrait presque piquant de donner le catalogue des journaux de toutes sortes auxquels il a participé, tantôt avec Dorat (Journal des Dames) ; tantôt avec Linguet (Journal de Politique et de Littérature) ; tantôt, je l’ai dit, avec Clément. Avant d’être au Mémorial avec la Harpe et Vauxcelles, il fut un moment à la Clef du Cabinet avec Garat. On n’en finirait pas, si l’on voulait tout rechercher : il serait presque aussi aisé de savoir le compte des journaux où Charles Nodier a mis des articles, et il y faudrait l’investigation bibliographique d’un Beuchot. On comprend maintenant ce que veut dire cette paresse de Fontanes, laquelle n’était souvent qu’un prêt facile et une dispersion active. Rien d’étonnant, quand il eût cessé d’écrin aux journaux, que son habitude de plume le fasse soupçonner derrière plus d’un acte public rédigé dans son voisinage.