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M. DE FONTANES

Les événements de 1813 remirent politiquement en évidence M. de Fontanes. Au Sénat où il siégeait depuis sa sortie du Corps législatif, il fut chargé, d’après le désir connu de l’Empereur, du rapport sur l’état des négociations entamées avec les puissances coalisées, et sur la rupture de ce qu’on appelle les conférences de Châtillon. C’était la première fois que Napoléon consultait ou faisait semblant. Le rapport concluait, après examen des pièces, en invoquant la paix, en la déclarant possible et dans les intentions de l’Empereur, mais à la fois en faisant appel à un dernier élan militaire pour l’accélérer. Ceux qui avaient toujours présent le discours de 1808 au Corps législatif, ceux qui partageaient les sentiments de résistance exprimés concurremment par M. Lainé, purent trouver ce langage faible : Bonaparte dut le trouver un peu froid et bien mêlé d’invocations à la paix ; dans le temps en général, il parut digne[1]. 1814 arriva avec ses désastres. M. de Fontanes souffrait beaucoup de cet abaissement de nos armes ; il n’aimait guère plus voir en France les cocardes que la littérature d’outre-Rhin. Sa conduite dans tout ce qui va suivre fut celle d’un homme honnête, modéré, qui cède, mais qui cède au sentiment, jamais au calcul.

Il avait, je l’ai dit, un grand fonds d’idées monarchiques, une horreur invincible de l’anarchie, un amour de l’ordre, de la stabilité presque à tout prix, et de quelque part qu’elle vint. Le premier article de sa charte était dans Homère :

.....εἷς κοίρανος ἔστω,
εἷς βασιλεύς.....

Le pire des états, c’est l’état populaire.

  1. On a, au reste, sur les circonstances de ce rapport, plus que des conjectures. La Revue Rétrospective du 31 octobre 1835 a publié la dictée de Napoléon par laquelle il traçait à la commission du Sénat et au rapporteur le sens de leur examen et presque les termes mêmes du rapport. Les derniers mots de l’indication impérieuse sont : « Bien dévoiler la perfidie an-