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art et pornographie

libertés légitimes de l’art. Et, au cas où on aurait l’imprudence ou la sottise d’y toucher, on nous verrait debout pour les défendre comme nous sommes debout aujourd’hui pour protester contre une abominable industrie qui corrompt la foule et atteint le prestige de la France…

À l’époque où des magistrats fâcheusement inspirés commettaient l’erreur de poursuivre Madame Bovary, de Gustave Flaubert, menaçaient les Goncourt pour Germinie Lacerteux, beau livre de vérité et de piété, on nous aurait vus devant les tribunaux pour rendre hommage à leur conscience d’artiste en même temps qu’à la noblesse de leur œuvre.

Et pour être bien sûrs que nous nous comprenons les uns les autres, je me fais un devoir de vous dire que, par exemple, une œuvre comme celle d’Émile Zola, si magnifiquement grondante des forces de la nature et de la vie, paraît à la plupart d’entre nous une œuvre très puissante, et dans son ensemble très saine.

En lisant ces protestations, il semble qu’on ne puisse se défendre d’un sentiment d’inquiétude. Certes, il serait difficile d’être moins tendre que ne l’est le président de la Société des Gens de lettres. Mais il éprouve le besoin de marquer que, pour condamner la pornographie, il ne se place pas sur le même terrain que ceux auxquels il est cependant venu apporter l’appui de sa parole et de l’autorité que lui donne sa fonction. Ce n’est pas au nom de la morale qu’il prononce les paroles les plus sévères, c’est au nom de l’art et il fait toutes réserves afin que l’on sache bien que telle occurrence pourrait s’offrir où ses alliés d’un soir et lui-même ne se trouveraient pas du même côté de la barricade. La