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art et pornographie

tent ainsi le plus grand tort à la véritable littérature nationale, au véritable art français. Nous apparaissons comme les grands fournisseurs de la pornographie mondiale et « livre français », — « gravure française », ont fini par devenir synonymes de mauvais livre, de gravure indécente et corruptrice. Toute l’hypocrisie vertueuse du monde se voile la face devant le vice français. Cependant nos nationaux ne sont responsables que de la plus petite partie des gravelures qui se vendent sous notre étiquette et ce sont les étrangers qui, en grande majorité, les achètent.

La pornographie fait donc courir à la France un double péril : elle risque de corrompre à l’intérieur une partie de notre jeunesse ; à l’extérieur elle porte atteinte à notre bonne renommée. On conçoit, dès lors, que les moralistes se rencontrent pour la combattre avec les représentants de la Société des auteurs. Les premiers sont plus touchés du péril qui menace les forces vives de notre pays, les seconds sont plus atteints par le discrédit qui frappe trop souvent, à l’étranger, le livre français. Et c’est bien ce souci très net qu’accuse le discours du président de la Société des Gens de lettres auquel nous ayons déjà fait allusion.

Au nom de la Société des Gens de lettres, c’est-à-dire au nom de la très grande majorité des écrivains français, M. Georges Lecomte