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art et pornographie

de l’amour et même dans la débauche que des cas intéressants et curieux : ils s’y intéressent à cause de leur monstruosité même, et ils éprouvent, après avoir vu, le désir de traduire aux autres Ce qu’ils ont vu. Ils trouvent dans cette expression de leurs visions intérieures le but même de leur art. Initier les autres hommes à la connaissance complète de la nature de l’homme, révéler l’homme à lui-même, c’est évidemment l’objet de l’art littéraire. Or, les violences, les bassesses, les grossièretés, les dégradations et même les aberrations de l’homme font partie de sa nature. Rien n’est étranger à l’art. Il n’y a pas de domaine qui puisse lui être interdit. Ainsi le littérateur ressemble souvent à un médecin qui, absorbé par sa passion scientifique, décrit les maladies, les plaies, les tares, les déchéances de la vie avec une sorte d’amour. Et l’on sait que le langage des médecins est souvent déconcertant pour les non-initiés. Ils parlent de « cas admirables » ou de « belles maladies ». Les littérateurs font de même et trop souvent ils oublient qu’ils sont hommes pour n’être que littérateurs, pour ne parler au public qu’en littérateurs.

De là les malentendus qui se produisent entre les littérateurs et leur public. Flaubert et les Goncourt devaient scandaliser leurs contemporains, Flaubert avait nettement conscience de cette Opposition lorsqu’il s’emportait contre les Phi-