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art et pornographie

l’adultère. Mais on n’avait pas encore vu les hypocrisies morales, les mesquineries de la vie bourgeoise, peintes avec cette crudité, étalées avec une telle sincérité âpre. C’était la vie ordinaire, la vie correcte, la vie réputée honorable et comme il faut, c’étaient les bonnes mœurs enfin qui sortaient du livre réprouvées et condamnées. Le livre paraissait donc, et devait paraître « contraire aux bonnes mœurs ». Car, qu’est-ce que les bonnes mœurs ? Ce sont les mœurs courantes, les communs usages, tout ce que l’on voit tous les jours, qui, par conséquent, n’étonne ni ne détonne.

Une société en possession d’une doctrine morale, qui impose à ses adhérents l’observation d’un code moral à la fois ferme et précis, où tous les cas sont prévus, toutes les actions jugées et clairement étiquetées, les unes déclarées bonnes et les autres notées d’infamie, une société en un mot, telle que l’Église catholique, qui revendique un pouvoir de direction et de contrôle sur la conduite de tous ses membres, peut tout juger fermement au nom de la doctrine morale et ne pas s’en rapporter pour apprécier la valeur des mœurs uniquement aux habitudes du milieu social. Elle peut déclarer que telle action conforme aux usages n’en est pas moins immorale ; elle peut affirmer que telle autre est excellemment morale quoique contraire à tous les usages. Elle peut réhabiliter le scandale. Le scandale