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art et pornographie

en beauté. L’amour est fécond, fécond pour la race, tout au moins fécond pour les êtres qui le ressentent, qui en deviennent plus grands, plus beaux et meilleurs. L’amour va toujours aux développements, aux épanouissements de la vie. C’est ce qui en fait la plus admirable force du monde. Et justement la courtisane n’aime pas, elle fait, sans amour, les gestes de l’amour, c’est pour cela qu’elle est mensongère ; elle est stérile, inféconde ; elle détruit, épuise la vie, c’est pour cela qu’elle est vile. Ce sont justement ces gestes d’un corps vidé de son âme, gestes sans signification et sans but, qui sont la matière spéciale de toute pornographie. Le nom est donc profondément juste et très mérité.

Ainsi délimité et déterminé, le pornographique se confond avec l’obscène. Il tomberait alors directement sous le coup de l’article 230 du Code pénal qui réprime « l’outrage public » à la pudeur. Mais un article spécial de ce même Code, l’article 287, est plus spécialement destiné à réprimer « les chansons, pamphlets, images ou gravures contraires aux bonnes mœurs ». Et il semble bien que ce soit précisément ce dernier genre de publications qui mérite vraiment le nom de pornographique. Le pornographique ne serait plus seulement l’obscène, lequel constituerait vraiment une sorte d’outrage à la pudeur, mais il comprendrait en général les publications « contraires aux bonnes