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De M. Anatole France :

M. Gaston Paris disait dans un banquet à M. Sully Prudhomme, son ami : « Vous avez mérité la sympathie et la reconnaissance de tous ceux qui lurent vos vers dans leur jeunesse ; vous les avez aidés à aimer ».

M. Sully Prudhomme à accompli cette mission délicate avec un bonheur mérité. Il avait pour y réussir non seulement les dons mystérieux du Poète, mais encore une absolue sincérité, une inflexible douceur, une pitié sans faiblesse et cette candeur, cette simplicité sur lesquelles son scepticisme philosophique s’élève comme sur des ailes dans les hautes régions où la foi ravissait les mystiques. On chercherait en vain un confident plus noble et plus doux des fautes du cœur et de l’esprit, un consolateur plus austère et plus tendre, un meilleur ami.

(La Vie littéraire.)

De M. Charles Morice :

M. Sully Prudhomme n’est pas un Poète. Des trois actes qui décomposent l’action esthétique (Pensée, Idée, Expression), il n’accomplit que le premier : même il l’accomplit très insuffisamment, ses abstractions se maintenant toujours dans de vieilles généralisations. Quant au poète sentimental qui est l’autre face du poète philosophe, je pense qu’il a déjà rejoint, dans l’ingrate mémoire des hommes, les faiseurs de romances du 1er Empire et Reboul et Dupaty : ses tendresses