Page:Fons - Sully Prudhomme, 1907.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vrai poète de cette époque légitiment le revendications du symbolisme.

Par Le Bonheur (1888), l’Académicien alors célèbre sembla vouloir couronner son œuvre poétique : dire que ce poème dépasse quatre mille vers fait prévoir, en les excusant, bien des faiblesses ; dans cet ouvrage de superbe pensée ne nous refusons point à rencontrer des strophes puissantes, de suggestifs raccourcis décoratifs, des inflexions suaves de musique et de nuances ; les rythmes en sont variés et souvent nombreux, et les cortèges des religions et des philosophies s’ornent là d’attitudes autrement exactes et vastes que dans l’Espoir en Dieu de Musset. Quant à l’Idée, c’est quasi l’essence de Sully Prudhomme : Faustus après sa mort se réveille dans une planète inconnue où il retrouve Stella autrefois chérie sur la terre ; à travers cette nouvelle vie, les deux amants réunis savourent en perfection et en plénitude toutes les jouissances jadis rêvées par leurs sens spiritualisés ; mais leur bonheur entier ne peut accomplir que par la science et le sacrifice, conditions même de leur complet Amour[1] ; les

  1. Signalons combien le si curieux sigisbée Madame Récamier, Ballanche, ce compatriote, par une commune origine Lyonnaise, de M. Sully Prudhomme était proche de semblables conceptions dans ses grandes épopées symboliques d’Orphée et de la Ville des Expiations, beaucoup trop oubliés aujourd’hui.