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touchante à porter le gracieux prénom de Sully : « Mon père, a-t-il raconté un jour, reçut ce nom de son entourage, étant enfant, je ne sais pourquoi : le hasard l’aura amené sur les lèvres de quelqu’un de ses proches qui l’aura trouvé joli : quoi qu’il en soit, ma mère comme toute la famille et les amis, le donnait à mon père, et quand il fut mort, elle me l’a donné pour avoir toujours à le prononcer. »

Le pauvre Sully fut interné à huit ans dans un pensionnat à Bourg-la-Reine ; à neuf ans, il entra à l’institution Massin, puis à Chaillot à la pension Bocquet dont une voiture menait les élèves au lycée Bonaparte ; malgré une grande amitié rencontrée là, malgré une passion studieuse récompensée par de très nombreux succès, sa vie d’écolier fut si douloureuse qu’il en a toujours retenu une forte rancœur. Les jours de congé, il apprenait chez lui d’autres émois et d’autres tortures : des apparitions de grandes jeunes filles le troublaient et surtout il connut pour une petite parente cadette de deux ans, un amour aussi intense qu’innocent. En troisième, au moment de la « bifurcation » il choisit l’enseignement scientifique qui spécialement l’attirait ; bachelier ès-sciences, il se destinait à l’école Polytechnique, lorsqu’une grave ophtalmie l’arrêta ; retiré chez des cousines à Lyon pour préparer son baccalau-