lac est esmeu, et arrouse le plan du ciel avec ses ondes grandement agilées. Le lac de Menas, ou de la Garde, ne fait tant de bruit quand les vents s’esclatent contre les maisons de Catulle. On void encore en ce lieu des cousteaux fraiz, esquels se voient cent chaudrons fumans jusques aux nuës, pleins de caillotins, pastez et jonchées. Ces Nymphes demeurent à la pointe de la montaigne, et grattent le fromage avec des rappes percées : les unes se travaillent à former des tendres goudiveaux ; autres avec le fromage rappe frigolent et s’esbatent ensemble ; et, se laissant couler du haut de la montaigne à bas, paroissent comme grosses mottes avec l’enfleure de leur ventre. O combien est necessaire d’estendre et eslargir ses jouës, quand on veut remplir son ventre de tels goudiveaux ! Autres, maniant la paste, emplissent cinquante bassins de gras baignetz et crespes, et les autres, voians la poisle boüillir par trop, s’occupent à tirer hors les tisons, et souflent dedans ; car le trop grand feu fait jetter le brouët hors le pot. En somme, toutes s’efforcent de venir à bout de leur gallimafrée, tellement que vous y verrez mille cheminées fumantes, et mille chauldrons attachez et pendus à des chesnes. En ce lieu, j’ay pesché premierement l’art Maccaronique, et Mafeline m’a rendu son poëte pansefique.
Il y a un lieu en France, prez les confins d’Espagne, nommé Montauban, lequel a grand renom par le monde. Ce n’est point ville ou cité, mais un chasteau très-fort, lequel est enfermé de triples murailles, construites et baties de pierres vives, lesquelles ne redoutent la batterie des grosses bombardes, non plus qu’un asne se soucie des mouches, ou une vieille vache des taons. Ce chasteau est basti sur le plus haut dos de la montagne, et en tel endroit que les chevres barbues n’y peuvent monter. Ce
Moult a le païs de délices…
Par les rues vont rostissant
Les crasses oies et tornant.