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très fortement liés et si l’on ne perd jamais de vue leur étroite dépendance réciproque, ces éléments, isolés du plein, sont sans valeur. L’abus du mot volume dans le vocabulaire artistique de notre temps correspond à un besoin fondamental de ressaisir la donnée immédiate de la sculpture, ou de la qualité sculpturale. Les axes sont une abstraction. Quand nous considérons une armature, une esquisse en fil de fer, douée de l’intensité physionomique de toutes les abréviations, comme aussi des signes vides d’images, alphabet, ornement pur, notre vue les habille, bon gré, mal gré, de leur substance et jouit doublement de leur nudité catégorique et terrible et du halo, incertain, mais réel, des volumes dont, forcément, nous les enveloppons. Il en est de même pour les profils, collection d’images plates, dont la succession ou la superposition ne sollicite la notion de plein que parce que nous en portons en nous l’exigence. L’habitant d’un monde à deux dimensions pourrait posséder toute la série des profils d’une statue donnée et s’émerveiller de la diversité de ces figures, sans se représenter jamais que c’est une seule, en relief. D’autre part, si l’on admet que les proportions des parties d’un corps impliquent leur volume relatif, il est évident que l’on peut évaluer des droites, des angles, des courbes sans que soit nécessairement engendré un espace complet, et les recherches sur les proportions s’appliquent aussi bien à des figures plates qu’à des figures en relief. Enfin, si le modelé peut être interprété comme la vie des surfaces, les plans divers dont il est composé ne sont pas l’étoffe du vide, mais la rencontre de ce que nous appelions naguère la masse interne et de l’espace. Ainsi, envisagés séparément, les axes nous renseignent sur la direction des mouvements, les profils sur la multiplicité des contours, les proportions sur le rapport des parties, le modelé sur la topographie de la lumière, mais aucun de ces éléments ni même tous ces éléments réunis ne sauraient se substituer au volume, et c’est seulement en tenant compte de cette notion qu’il est possible de détermi-