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idée fort imparfaite de ces relations. Un édifice n’est pas une collection de surfaces, mais un ensemble de parties dont la longueur, la largeur et la profondeur s’accordent entre elles d’une certaine manière et constituent un solide inédit, comportant un volume interne et une masse extérieure. Sans doute la lecture d’un plan dit beaucoup, il fait connaître l’essentiel du programme et permet à une vue exercée de saisir les principales solutions constructives. Une mémoire justement renseignée et abondante en exemples peut reconstituer théoriquement l’édifice d’après la projection sur le sol, et l’enseignement des écoles apprend à prévoir pour chaque catégorie de plans toutes les conséquences possibles dans la troisième dimension, ainsi que la solution exemplaire pour un plan donné. Mais cette sorte de réduction ou, si l’on veut, cette abréviation des procédés de travail n’étreint pas toute l’architecture, elle la dépouille de son privilège fondamental qui est de posséder un espace complet, et non seulement comme un objet massif, mais comme un moule creux qui impose aux trois dimensions une valeur nouvelle. La notion de plan, celle de structure, celle de masse sont indissolublement unies, et il est dangereux de les abstraire les unes des autres. Tel n’est pas notre dessein, mais, en insistant sur la masse, de faire comprendre d’abord qu’il n’est pas possible de saisir pleinement la forme architecturale dans l’espace abrégé de l’épure.

Les masses sont d’abord définies par les proportions. Si nous prenons pour exemples les nefs du Moyen Âge, nous voyons qu’elles sont plus ou moins hautes, par rapport à la largeur et à la longueur. Il est déjà fort important d’en connaître les mesures, mais ces mesures ne sont pas passives, accidentelles ou de pur goût. Les relations des chiffres et des figures permettent d’entrevoir une science de l’espace qui, peut-être fondée sur la géométrie, n’est pas la géométrie pure. Nous ne saurions dire si, dans l’étude entreprise par Viollet-le-Duc sur la triangulation de Saint-Sernin, n’intervient pas, à côté de données positives, une cer-