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comprendre notre moyen âge d’Europe, son architecture religieuse, ses poèmes épiques, si nous ne connaissions les chemins, les étapes et le terme des pèlerinages ? Il en est de même pour l’Asie. Ce sont des pèlerins chinois qui, par leurs relations, nous font connaître l’Inde bouddhique ancienne. Ce sont des moines de l’Inde, ces perpétuels errants des premiers âges de la foi, qui traversaient durement les passes de l’Asie centrale pour montrer à un empereur chinois la statuette d’or d’un dieu nouveau. Plus tard ils eurent à Lo-yang leurs hôtelleries et de nombreux adeptes : ils furent d’abord des explorateurs. Que les pénétrations et les influences aient été lentes, par ces chemins difficiles, c’est possible, et aussi que ces immenses voyages aient exigé de longs repos, des stations séculaires. Un fait les aida puissamment et, au besoin, les précipita, — le nomadisme. Les cavaliers des steppes septentrionales, âmes et corps de fer, durcis par les rigueurs d’un climat aux extrêmes terribles, capables de tout endurer et de tout renverser, ont brassé l’Asie dans tous ses éléments, mené les routiers chinois combattre en Palestine, fondé à Pékin, à Delhi, dans l’Iran, plus loin encore, de durables empires.

De ces observations quelles conclusions tirer ? Que l’unité de l’Asie est un fait, et qu’elle est due aux nomades ? Pas le moins du monde. On ne peut même pas dire que ce grand corps ait jamais pensé avec unanimité. Il faut respecter la diversité du génie asia-