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exemple, qu’y a-t-il de commun entre le Sémite mésopotamien, constructeur de châteaux de briques, sculpteur de reliefs d’albâtre où il se représente domptant le lion et le taureau, avec le nez busqué, la barbe frisée d’un sacrificateur juif, et d’autre part le riverain du Pacifique, l’agriculteur sédentaire qui laboure la terre jaune, le rude et mélancolique montagnard des pays du Fleuve Bleu ? La largeur d’un continent les sépare et, plus profondément encore, leurs origines ethniques et leurs formules de civilisation. Nous verrons pourtant ce que la Chine des Han doit à l’inspiration mésopotamienne. Chine, Mongolie, Inde, Iran, Mésopotamie, ces foyers de développement original, dont l’intensité et la force d’expansion se manifestent inégalement à travers les siècles, n’ont cessé d’agir les uns sur les autres. Ce sont des milieux en général résistants, mais soumis à des oscillations amples. L’Inde, carrefour des relations asiatiques, devait exercer par la pensée une influence longue et dominatrice entre toutes.

L’aspect de la terre semble d’abord donner raison à une théorie de fixité absolue. L’Asie paraît composée de blocs hétérogènes, séparés les uns des autres par d’infranchissables barrières de montagnes et par de mortels déserts. Les hommes eux-mêmes ont renforcé ces remparts : la muraille construite par les Han autour de la Chine claquemure l’empire. L’Hindou-Kouch et l’Himalaya isolent l’Inde de l’Asie centrale. Du Pamir au Baïkal court une succession de chaînes d’où