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Et si l’on considère que l’humour est une forme, non un contenu, si nous nous demandons quelle est la nature des précieuses évidences qu’il révèle tout à coup, et comme par magie, à nos yeux, nous voyons que toutes, ou presque, sont des expressions de charme et de bonté ; bien loin de sécréter un élégant venin, une bile froide ou concentrée, il nous apprend à aimer en nous faisant sourire, il nous émerveille et il nous conquiert, il nous associe à ce qu’il y a de bon et de beau dans le monde et dans la vie des hommes. On peut le considérer comme la fleur de ces vertus humaines qui, s’ajoutant à la force de la race, et sans l’énerver, la conduisent où il faut, la policent, la décorent et en font de la civilisation.


Le Zénisme, en pleine vigueur pendant l’ère de Kamakoura, trouva sa forme esthétique parfaite au cours de la période suivante, celle des Asikaga, qui s’étend jusqu’à la fin du XVIe siècle. L’influence de la Chine s’étend de nouveau sur l’art et sur la pensée, mais une influence vigoureuse et salubre. Les artistes de Kamakoura avaient été surtout des portraitistes, des peintres de batailles, des illustrateurs de vieilles légendes héroïques. Les artistes Asikaga, comme les peintres Song du sud, furent d’admirables paysagistes et leurs œuvres traduisent tout le charme de leur spiritualité rêveuse. Les plus célèbres d’entre eux, Sesson, Sesshou, Sotan, voient souvent la nature à travers une perspective de brumes mouillées, sous le rideau léger d’une