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nelle ou l’affaire d’un parti, mais une tradition unanime, ancienne, solide et vivante comme le cœur même de l’empire. Elle est l’âme du patriotisme, elle est l’inspiratrice des arts. En elle on discerne des degrés, des nuances et des écoles, elle est faite de plusieurs confessions : chacune d’elles s’est toujours appliquée à comprendre les vieilles choses chères au cœur d’un peuple qu’elle ne venait pas évangéliser à neuf, si l’on peut dire, mais auquel elle apportait quelques raisons de plus de doter la vie d’un sens élevé et d’en supporter les vicissitudes et les exigences avec la plus élégante fermeté. Ainsi Sintoïsme, Bouddhisme et Confucianisme ont fini par former une sorte de faisceau très serré et, s’il est vrai qu’ils ne se soient pas confondus, chacun de ces aspects de la foi, bien loin de compromettre la puissante unité du génie japonais, a collaboré à lui donner sa personnalité et sa grandeur.

Il y a là, surtout en ce qui concerne le Bouddhisme au Japon, toute une série de voiles qu’il nous faut soulever d’une main légère, un trésor spirituel dont notre vieille logique occidentale ne nous donne pas spontanément la clef. Il est relativement plus facile de comprendre le principe animiste qui est à l’origine de la religion Sintô et qui est l’essence même des formes les plus vénérables de la foi. L’homme est entouré par les dieux, et les dieux, ce sont tous les morts. Cette formule se retrouve au début du XIXe siècle, dans les écrits du théologien Hirata. Comment le culte des ancêtres,