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lourdeur et d’incorrection. La pureté du style graphique, l’élégance d’un dessin mené d’un jet, le charme de cette fantaisie qui, en art, est le caprice des forts, ce sont là des vertus éteintes, et le réveil national des Ming (1368-1664) ne les ranimera pas.

De ce grand mouvement de libération, il était pourtant naturel d’attendre une renaissance. Pendant quelques années, elle s’ébaucha. Mais, en 1421, elle fut arrêtée net dans son développement par cette fatalité géographique et politique qui domine toute l’histoire de la Chine et qui, en déplaçant le centre d’influence du sud au nord, de la vallée du Fleuve Bleu aux plaines de terre jaune, change profondément l’aspect de la civilisation. Le troisième empereur Ming transporta la capitale de Nankin à Pékin, une place d’armes tartare, la citadelle du Confucianisme. Dans le nord, les positivistes confucéens avaient beau jeu. Tenant l’empereur et la cour, ils tenaient la Chine. L’art n’est désormais toléré que comme le délassement des lettrés. Les idées, les intentions, le maniérisme scolaire envahissent la peinture. Aux mains des copistes de copistes, le pinceau s’applique, devient pauvre et sec : bien plus, il trahit délibérément les maîtres en essayant de les conformer avec impudence à une esthétique de convention, bâclée par des critiques d’art. Les peintres confucianistes de l’école orthodoxe se tournent vers les modèles Yuen, dont ils essaient de rattacher les origines au vieil art Thang. Quelle que soit, dans cette culture étrange, la part du Bouddhisme