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saient volontiers les usages des steppes pour prendre ceux de leurs vassaux. La Chine des Song, leur conquête, les prit et les vainquit à son tour. Elle les étonnait par la puissance d’absorption du régime communautaire, par l’éclat de la cour impériale, par la majesté des bureaucraties. Ils restaient cependant eux-mêmes. Dans la cour du palais de Koublaï, à Pékin, un large plant d’herbes rappelait les collines des ancêtres et la vie rustique des tribus.

Mais les Mongols avaient un plus grand besoin des Confucianistes organisateurs que des Tchhan dilettantes. De nouveau, toute la puissance morale de la Chine passa aux mains des vieux adversaires du Bouddhisme. Quelque chose du génie Tchhan subsista dans les provinces, mais ces éléments dispersés restaient sans force et sans autorité. La grande civilisation bouddhique des Song était morte, et morte pour toujours. Les œuvres d’art produites sous la dynastie mongole des Yuen ont néanmoins l’intérêt de porter jusqu’à nous la trace d’un apport nouveau dans le système des idées chinoises : le réalisme politique et militaire des nomades du nord se traduit par un réalisme esthétique qui sert d’ailleurs à merveille la propagande confucéenne. L’art devient le véhicule des grands exemples historiques et moraux. La Chine était encore trop près de sa splendeur pour n’en pas conserver encore quelques beaux rayons. Certaines œuvres Yuen ont de l’accent, de la puissance et même une certaine grandeur. Mais il est bien rare qu’elles ne soient pas entachées de