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à présent, qu’il nous soit permis d’en citer quelques traits, d’après Fenellosa.

« En quoi consistent les raisons qui font que des hommes vertueux aiment le paysage ? C’est pour ces motifs qu’un paysage est une place où la végétation croît, nourrie par le sol et le sous-sol, où les printemps et les rochers s’amusent comme des enfants, une place que fréquentent ordinairement les hommes des forêts et les étudiants qui fuient le monde, où les singes ont leurs tribus, et où les cigognes volent en criant à grand bruit leur joie dans la nature.

« ... Quelle délicieuse chose est pour les amoureux des forêts et des sources, pour les amis des brumes et des brouillards, d’avoir à portée de la main un paysage peint par un habile artiste ! Avoir ainsi la possibilité permanente de voir l’eau et les pics, d’entendre les cris des singes, le chant des oiseaux, sans sortir de sa chambre !

« En ce sens, une chose ainsi réalisée par la volonté d’un autre satisfait complètement votre propre esprit. C’est là l’idée fondamentale du respect du vaste monde pour la peinture de paysage. Si bien que, si l’artiste, sans réaliser cette idée, peint d’un cœur indifférent, c’est comme s’il jetait de la terre sur une divinité, ou s’il répandait des impuretés dans le vent clair.

« ... Celui qui étudie la peinture est dans les mêmes conditions que celui qui étudie l’écriture, celui qui en écriture ferait de Sha-ô ou de Gurinka son maître n’exécuterait qu’un travail identique à celui du maître