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melle. Mais avant de parler des bronziers japonais du viiie siècle, il y a lieu de mentionner les traces manifestes d’art gréco-bouddhique qui peuvent être relevées dans les peintures décoratives sur plâtre de Hô-ryou-zi, et aussi dans les beaux reliefs de pierre du temple de Gen-Kô-zi à Nara : ces derniers sont profondément failles dans la matière ; ils s’apparentent ainsi à cette technique gandharienne qui, d’après M. Foucher, contribua à faire sortir la sculpture de son rôle purement décoratif et à la révéler à elle-même, par la puissance du modelé, par la profondeur des volumes, comme son propre but. Surtout, la ligne des figures est élégante, harmonieuse, humaine. Les Bodhisattvas ont un hanchement praxitélien.

La découverte de riches mines de cuivre au Japon en 708 favorisa le développement considérable au viiie siècle de la sculpture en bronze. Alors on voit paraître ces colossales Triades de bronze noir poli, dressées sur les grands autels de pierre, comme les gardiennes des âges. Ces figures solennelles, impeccablement musclées, d’un aplomb et d’une justesse de proportions classiques, pleines, solides et nobles, signalent, non les débuts d’un art, mais sa maturité, son épanouissement (Pl. XVI). La vie respire à l’aise, toute sécheresse a disparu. Ainsi la Trinité du Kondô du Yakou-si-zi, à Nara, œuvre de Gyô-gi, se révèle à nos yeux comme le chef-d’œuvre de l’art Thang au Japon et comme le point culminant de l’influence gréco-bouddhique. À côté de la technique du bronze, et naturellement