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tagneux, paraphe de la vie qui se dénoue, se résout, se replie et recommence, l’image du Prédestiné, dressée dans la montagne, suavement recueillie dans le lointain des siècles et de la pensée, oppose le silence et l’immobilité de ce qui ne meurt plus.

L’enseignement des dix mille Bouddhas fut recueilli par la Chine Thang (618-907). Une fois encore le nord et le sud sont unis dans le même empire. Confucianisme, Laoïsme et Bouddhisme évoluent côte à côte dans une paix relative. L’extension des frontières à l’ouest, vers le Pamir, la conquête du Thibet ouvrent des routes vers l’Inde : les prédicateurs bouddhiques affluent en Chine, des familles entières s’y installent, la colonie indienne fixée à Lo-yang, la seconde capitale des Thang, à partir de 698, en compte des milliers. Des pèlerins chinois visitent les sanctuaires de l’Inde, Hiuen-tsang rapporte de son voyage, non de vagues formules admiratives, non de pieuses élévations, mais des descriptions précises, qui servent encore de guide à nos chercheurs. Les stupas et les sangharamas du nord-ouest étaient en ruines, mais la pensée bouddhique était vivante. L’évolution des écoles indiennes l’avait amenée à son équilibre classique. Arrachée à des considérations stériles sur l’universel abstrait, elle se plongeait dans l’étude et la contemplation de la nature concrète. Elle proclamait l’identité de la matière et de l’esprit, la croyance que l’univers est dans l’atome, concentré, complet. De là une sérénité toute-puissante, un repos, une sorte de joie grave, qui