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contenu profond. Le maître qui, au ve siècle, définit l’art « la vie de l’esprit par le rythme des choses » résume d’avance, dans une formule incomparable, tout le développement ultérieur de la peinture bouddhique.

Ainsi le recul du Confucianisme Han, le renouveau de la philosophie laoïste, le déplacement vers le sud du centre d’influence, la découverte de procédés techniques infiniment plus souples que le ciseau du lapicide, la libre expansion du lyrisme naturaliste enfin, tous ces faits, tous ces éléments préparaient la Chine à une transformation. Dès à présent, de l’histoire de l’art chinois primitif on peut dégager deux tendances. L’art de la Chine pré-bouddhique est d’abord caractérisé par une aptitude décorative qui domine exclusivement jusqu’à la fin des Han et qui, en profond accord avec le génie confucéen, travaille sur plusieurs séries de thèmes, — des thèmes occidentaux, surtout mésopotamiens ; les vieux motifs chers aux peuples du Pacifique, mis en lumière par Fenellosa, débris d’une plastique totémiste en usage de la Nouvelle-Zélande à l’Alaska, le poisson, le crapaud, la frégate (plus tard schématisée en un souple bandeau d’ornement). D’autre part, une aptitude proprement esthétique se fait jour peu à peu dans le vieil art chinois : elle est d’essence méridionale, elle a été exercée par la philosophie de Lao-tseu et par la lyrique de ses disciples ; elle dote d’un sens ésotérique les vieilles figurations totémistes (le Dragon, par exemple, né des nuages et de la mer, symbole du changement éternel) ;