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à laquelle l’influence des Brahmanes n’est peut-être pas étrangère. Au terre-à-terre confucéen, à la sécheresse d’une éthique toute terrestre et temporelle, les disciples immédiats de Lao-tseu opposent une sorte de naturalisme épique, coloré par de larges et brillantes images. Leur rôle fut d’assouplir, de dénouer, de spiritualiser le génie chinois. Les bureaucrates et les lettrés confucéens opposèrent longtemps de redoutables barrières aux progrès du Bouddhisme. Le Taoïsme les accepta. Bien plus, il devait se pénétrer de pensée et de pratiques indiennes.

Ainsi l’époque Tcheou avait donné à la Chine ses deux directions essentielles en morale. Nous les verrons se développer avec l’histoire qui, alternativement, les favorisa. Elles survécurent au désastre des Tcheou, renversés par les Tshin (221-202 avant Jésus-Christ). « C’étaient des pâtres mongols servant de conducteurs de chars et d’éleveurs de chevaux, sous le règne des premiers empereurs Tcheou, qui, en leur qualité de derniers arrivés du désert, devinrent l’élément prépondérant[1]. » Ces palefreniers magnanimes consolidèrent l’empire. On voit déjà se manifester en eux et chez leurs successeurs directs l’esprit d’ordre et le sens pratique qui caractérisèrent plus tard les grands conquérants mongols. D’ailleurs, limités à un territoire défini, ils l’organisèrent, non pour le pressurer, mais pour le défendre et pour le faire durer. Ils commencèrent les murailles militaires et les voies impériales.

  1. Okakura, op. cit., p. 53.