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du Mahayana, ont décuplé le Bouddha dans les trois directions du temps. Çakya-Mouni n’est qu’une personnalité transitoire, entre les Bouddhas passés et le Bouddha futur, le Bouddha glorieux, l’inspiré du parfait amour, Maitreiya. Et tous les Bouddhas ne sont eux-mêmes que l’émanation, l’incarnation terrestre des Dhyani-Bouddhas, ou Bouddhas de contemplation, absorbés dans l’éternité. Vairochana, le premier d’entre eux, est l’être universel, impersonnel, en qui se résout, se confond et trouve sa fin toute la fantasmagorie des mondes. C’est à Vairochana, sous le nom de Daï-nitsi, qu’au Japon les sectes Singon et Tendaï vouèrent principalement leur cuite. Amitabha, en Japonais Amida, personnifie la charité. Il règne sur le paradis funéraire de l’ouest, il est le Dhyani-Bouddha d’Avalokiteçvara, l’océan de miséricorde, le dieu sauveur, le plus fameux de tous les Bodhisattvas célestes. Car, de même qu’à côté des Bouddhas terrestres il faut placer les aspirants à la Bodhi, les Bodhisattvas, de même les Dhyani-Bodhisattvas, ou Bodhisattvas de contemplation, jouent un rôle d’intermédiaires entre le monde et les Dhyani-Bouddhas. Ces derniers sont en dehors de l’espace et du temps. Insensibles, inactifs, impassibles, ils ne créent ni ne modifient. Les Dhyani-Bodhisattvas, leurs agents, se présentent comme les véritables « dieux » du Mahayana, dieux de sagesse, d’intelligence et de pitié. Avalokiteçvara est représenté fréquemment portant l’image d’Amitabha incrustée dans sa coiffure en mitre. Il tient de la