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UN ATELIER DE GRAVEUR AU XVIIIe SIÈCLE, D’APRÈS L’ENCYCLOPÉDIE.


INTRODUCTION

I



De la Renaissance, il semble que l’Italie du dix-huitième siècle n’ait conservé qu’un aspect moral : le bonheur de vivre. Elle est le jardin où l’Europe vient se délasser de ses fatigues et de son sérieux, après l’avoir ravagée pendant des années par ses rivalités diplomatiques et militaires. Le génie latin s’affaisse, avec plus de grâce que de solennité. Avant de disparaître, il jette une dernière lueur qui enchante le monde et qui ne l’émeut plus.

Ouvrons les récits des voyageurs. Avant de les utiliser méthodiquement, de chercher à surprendre la réalité historique derrière leurs impressions, laissons-nous aller un instant à ces impressions mêmes. Suivons-les à travers tant de trésors accumulés par les siècles et dont la vie contemporaine leur paraît à tous si nettement et si profondément distincte. D’après eux, l’Italie est un merveilleux musée dispersé, qui sert d’abri à la comédie des intrigues galantes, aux paresseux plaisirs d’oisifs pauvres et fastueux, aux recherches menues des érudits d’académie. Aux carrefours des villes, entre un palais et une fontaine.