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LE COMMANDEMENT EN CHEF 23

et en les appliquant à la soudure des armées alliées.

Or les Anglais n’avaient plus de disponibilités à envoyer au sud de la Somme, à moins de les prendre dans le secteur d’Arras qui était fortement attaqué et qu’on ne pouvait songer à affaiblir. Le secours ne pouvait venir que de l’armée française.

Interrogé, le général Pétain exposa son programme. Il avait décidé d’augmenter le nombre des divisions à envoyer en Picardie ; au lieu des quinze indiquées la veille à la réunion de Compiègne, c’est vingt-quatre qu’il avait l’intention de diriger sur Montdidier. Il espérait ainsi, sans pouvoir l’affirmer, étendre son front jusqu’à la Somme ; mais cette extension ne serait que progressive et lente, parce que le transport des divisions, à raison de deux par jour, exigerait un délai assez long.

Lord Milner eut alors avec M. Clemenceau un entretien particulier, à la faveur duquel il lui proposa de me confier la direction des opérations.

Le président du Conseil se rallia à cette idée et élabora de suite un texte aux termes duquel j’étais chargé de coordonner les opérations des forces alliées « autour d’Amiens ». Le maréchal Haig, apercevant aussitôt l’étroitesse et la petitesse de la combinaison, déclarait qu’elle ne répondait pas au but qu’il poursuivait. Il demanda que celle-ci fût étendue aux forces britanniques et françaises opérant en France et en Belgique. Finalement, la formule fut encore élargie de manière à comprendre toutes les forces alliées opérant sur le front occidental, et on tomba d’accord