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dans une pénurie relative nous avions vaincu en 1914. C’était dans l’emploi combiné des moyens et dans l’application d’une solide morale que devait se trouver encore la formule du succès ; avec les moyens dont nous disposions, arrêter la marche de l’ennemi était d’abord une affaire de volonté du haut-commandement. L’issue de l’entreprise n’était pas douteuse à mes yeux, à la condition de la dominer dans un esprit d’entente étroite et énergique des chefs alliés, vigoureusement orientés et entraînés sur chaque danger successif. Que n’avions-nous fait en 1914, à l’Yser et à Ypres, et dans quelles conditions ? Ces idées fondamentales, je les développais devant les membres du gouvernement français dans le jardin de l’hôtel de ville de Doullens, en attendant l’ouverture de la conférence alliée. Celle-ci commençait à 12 h. 45 à l’hôtel de ville. Y assistaient du côté français : le président de la République, MM. Clemenceau et Loucheur, les généraux Foch, Pétain, Weygand ; du côté anglais : lord Milner, le maréchal Haig, les généraux Wilson, Lawrence, Montgomery.

Dès l’abord, tout le monde fut unanime à reconnaître qu’Amiens devait être sauvé à tout prix et que le sort de la guerre s’y jouait. J’intervenais énergiquement dans ce sens. Notre front était déjà refoulé jusqu’à Bray-sur-Somme, en arrière des lignes de 1916. Il fallait ne reculer à aucun prix. Ne pas céder sans combat un pouce de terrain, mais se maintenir coûte que coûte sur place, avec la dernière énergie, tel était le premier principe à bien fixer, à faire connaître à tous, et dont il y avait â assurer l’exécution au plus tôt, en particulier en activant l’arrivée des réserves,