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D'ailleurs, tandis que la conférence de Compiègne s’achevait sans qu’aucune décision n’ait été prise, le maréchal Haig s’entretenait à Abbeville avec le général Wilson, et, conscient du péril que courait l’Entente du fait de la séparation des armées britannique et française, convaincu qu’il fallait à tout prix l’empêcher, il proposait au chef d’état-major impérial que le général Foch fût immédiatement nommé commandant en chef. Son avis n’était encore qu’en partie écouté.

Le général Wilson arrivait, en effet, dans la soirée même à Versailles, s’entretenait avec lord Milner, et venait ensuite me trouver à Paris vers 23 heures. Il me proposait de confier à M. Clemenceau, dont j’aurais été le conseiller technique, le soin « d’assurer une coopération plus étroite des armées et la meilleure utilisation de toutes les réserves disponibles ».

Je n’eus pas de peine à lui faire observer combien la réalisation de ce projet serait peu souhaitable, car, bien loin de simplifier les choses, elle risquerait d’en rendre l’exécution plus difficile encore. Mes vues, développées dans cet entretien, ont été clairement résumées dans le mémorandum de lord Milner : « Quant à lui, général Foch, il n’avait aucun désir de rien commander. Tout ce qu’il demandait, c’est d’être expressément autorisé par les deux gouvernements dans la mission d’assurer le maximum de coopération entre les deux commandants en chef. Il demandait, en d’autres termes, à occuper le même genre de situation que celle qu’il avait eue naguère, au moment de la bataille d’Ypres (en 1914), lorsque le maréchal Joffre l’avait chargé d’obtenir, si faire se pouvait, une collaboration plus étroite