Page:Foch - Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, Tome II, 1931.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE COMMANDEMENT EN CHEF 19

l’autre à Abbeville, entre le général Wilson, le maréchal Haig et mon chef d’état-major, le général Weygand.

A celle de Compiègne, le général Pétain exposa l’état de désorganisation profonde de la 5e armée britannique et les mesures qu’il avait prises pour venir à son secours : envoi de quinze divisions, dont six étaient déjà fortement engagées ; il déclara également que c’était tout ce qu’il pouvait faire pour l’instant, étant donné la nécessité où il se trouvait de défendre la route de Paris, menacée par la vallée de l’Oise et peut-être du côté de la Champagne. Invité de mon côté à faire connaître mon point de vue, je montrai, comme dans ma note de la veille, que le danger pressant était du côté d’Amiens, où l’offensive allemande avait provoqué la rupture du front franco-britannique, effectué une large brèche, dont la séparation des armées britannique et française était la première conséquence, qu’il fallait rétablir à tout prix ce front et la liaison des deux armées, dût-on encourir certains risques par ailleurs. Amener le nombre de divisions nécessaires pour fermer la brèche et les amener vite, tels devaient être, à mon avis, la ligne de conduite à pratiquer et le but des efforts de tous. Dans quelle mesure les Anglais étaient-ils en état de participer à cette tâche ? Lord Milner, en l’absence de ses conseillers militaires, ne put répondre à cette question posée par M. Clemenceau. Il proposa de tenir le lendemain 26 une nouvelle réunion avec les généraux anglais. On se séparait donc à Compiègne vers 17 heures, en fixant que cette réunion aurait lieu le lendemain à 11 heures à Dury.