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dangereuse, comme aussi à une stratégie simple et uniforme, facilement stérile, impuissante et coûteuse. Au total, d’une doctrine par trop sommaire, on peut attendre des surprises aux premières rencontres. Cette armée. sort d’une période de quarante ans de paix. Pendant ce temps, les exercices qu’elle a faits n’ont pu lui donner l’idée des rigueurs du champ de bataille moderne ni de la violence des feux qui le dominent. Une étude établie sur les faits de guerre de 1870 notamment, et consacrée par nos règlements, eût pu lui faire saisir la puissance destructive de l’armement actuel et le compte à en tenir. En fait, les considérations et recommandations développées dans le règlement de 1875 étaient déjà lointaines et bien perdues de vue. Beaucoup de nos officiers, depuis ce temps, avaient pris part à des conquêtes coloniales, mais ils n’avaient pas rencontré 1k cet armement redoutable aux mains d’un adversaire averti. C’est ainsi que des grandes manœuvres et des expéditions coloniales, on avait rapporté comme formule du succès, comme doctrine de combat, la toute-puissance d’une offensive faite de la volonté bien arrêtée de marcher résolument à l’ennemi pour le joindre. On avait préconisé des formations d’attaque capables de nourrir immédiatement le combat. Pour le général ét l’officier de troupe, comme pour le simple soldat, on a brodé tous les thèmes sur le canevas des forces morales, et surtout de sa volonté de vaincre, sans plus de ménagement ni de discernement. Dès lors, le jour venu, l’engagement se développe rapidement