Page:Foch - Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, Tome I, 1931.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Allemagne ne regardait pas de si près aux détails de sa politique. Le triomphe de ses armes ne faisait aucun doute à ses yeux, à la condition d’agir avec résolution et rapidité. Sa confiance était absolue dans un outil militaire supérieur à tout ce qui avait été vu jusqu’alors par le nombre des unités mobilisées, le degré de leur instruction, la puissance de leur armement, la préparation de leurs opérations, l’esprit qui les animait, le savoir qui les guidait,

Dans la même absolue confiance, au mépris du droit le plus élémentaire, un ultimatum était adressé, dès le 2 août, à la Belgique d’avoir à laisser passer librement sur son territoire les armées allemandes, qui d’ailleurs violaient la neutralité du Luxembourg sans plus d’égards. Et ces décisions. avaient pour conséquence de vaincre les dernières hésitations du gouvernement de Londres et de jeter dans les rangs alliés les armées britannique et belge. Que les gouvernants allemands aient commis là une méprise, ou éprouvé une surprise, il leur importait peu. Une large offensive, rapidement exécutée, suivant un plan soigneusement réglé, n’aurait-elle pas raison même d’une coalition qui était encore en voie de formation et qui se montrait retenue d’ailleurs par des sentiments d’honneur ou par des scrupules de conscience ? Avec ses faiblesses ou ses délicatesses pourrait-elle arrêter dans sa marche la plus formidable machine de guerre qui ait jamais existé et qui se trouvait déjà lancée en pleine opération ? Et d’autre part, si les gouvernements alliés tentaient de résister à la politique allemande, l’armée n’était-elle pas