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signature, si les Alliés étaient attaqués, il marcherait.

C’était la politique que la République n’avait cessé de pratiquer depuis plus de quarante ans. Sans jamais oublier les provinces perdues, tout en cherchant à cicatriser la plaie toujours saignante qu’avait causée leur arrachement, la France avait répondu par une attitude pleine de dignité et de résignation aux virulentes provocations des incidents de Schnoebelé, de Tanger, d’Agadir, de Saverne et autres. Elle avait successivement réduit la durée de son service militaire de cinq ans à trois ans, puis de trois ans à deux ans, et ce n’est que sous la menace des continuels renforcements allemands et sous l’empire des plus légitimes inquiétudes et d’une évidente menace, qu’elle était revenue hâtivement en 1913 au service de trois ans. Il en était grand temps. Elle était bien résolue à ne recourir à la force que le jour où son existence et sa liberté seraient mises en péril par une agression allemande. Seul un pareil danger pouvait décider à la guerre un gouvernement démocratique, assez éclairé pour mesurer la grandeur des sacrifices et l’ampleur du cataclysme qu’une guerre européenne devait entraîner dans la vie des peuples.

Au mois de juillet de cette année 1914, si le ciel franco-allemand continuait de rester chargé de nuages, la France toujours forte de sa sagesse croyait l’orage si peu prochain que le Président de la République et le Président du Conseil des ministres partaient, au lendemain de la fête