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Il aura l’avantage de précipiter le cours des événements, comme aussi d’en étendre et d’en consolider les résultats. Une Allemagne victorieuse des grandes puissances de l’Europe maîtrisera incontestablement tout l’ancien continent. Largement établie sur la mer du Nord et sur la Manche, elle tiendra sous sa main la puissance navale par excellence, l’Angleterre., et par là l’empire des mers. Quel ne sera pas son pouvoir dans le monde ? N’est ce pas l’avenir désormais assuré de la Weltpolitik ? Les flots de sang que la guerre. peut coûter à l’humanité ne sont pas à mettre en comparaison avec les bénéfices qui en résulteront pour l’Allemagne. C’est par l’effusion du sang que la Prusse a fait l’Allemagne, l’a grandie, et doit la grandir encore. Telle est la philosophie du hobereau vainqueur, adoptée désormais par tous les fidèles sujets allemands. Qu’importent les atteintes portées au droit et à la vie des autres peuples ? La victoire qui est certaine les légitimera pleinement. La morale ne peut dérailler, qui a la force pour elle. Et, conduite par la férule prussienne, l’Allemagne aveuglée part en guerre dans un enthousiasme général. « Deutschland über alles ! »


La France de 1914, loin de désirer la guerre, à plus forte raison de la rechercher, ne la voulait pas. Quand la lutte parut imminente à la fin de juillet, le gouvernement français consacra tous ses efforts à la conjurer. Mais pour faire honneur à sa