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industrie nationale, la guerre. Dirigée par une politique particulièrement chère aux Hohenzollern, cette industrie avait fait de l’Électorat de Brandebourg l’empire allemand. Après avoir écarté de l’Allemagne l’Autriche qui eût pu lui tenir tête et représenter un autre idéal, la Prusse avait fait l’unité à son profit. Elle y avait absorbé quantité de populations au génie pacifique et à la morale purement chrétienne, telles que les populations rhénanes. Mais progressivement sa main de fer, s’exerçant dans le domaine spirituel comme dans le domaine matériel, par une administration d’essence ou de facture prussienne, fonctionnaires, instituteurs, officiers, avait plié ces populations aux idées et institutions des provinces orientales. Elle leur avait d’ailleurs apporté, par son prestige militaire étendu sur le monde, un développement économique et par là une prospérité matérielle inconnue jusqu’alors.

En 1914, l’Allemagne est entièrement prussifiée. Chez elle, aux yeux de tous, la Force crée le Droit. Et comme, d’autre part, les organisations militaires, base de l’édifice, ont été soigneusement et richement entretenues, qu’elles ont marché de pair dans leur développement avec l’essor économique, c’est une armée supérieure à toute autre par ses effectifs, son armement, son instruction, que l’Allemagne peut rapidement mettre sur pied pour réaliser et justifier le rôle qui lui est assigné dans le monde par la supériorité de sa race. D’ailleurs, l’appel à la force est un argument qui ne peut que faciliter sa marche à l’hégémonie mondiale.