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leur double nationalité, et recevant le mot d’ordre de Berlin. D’ailleurs, pas un gouvernement, surtout d’essence démocratique, n’aurait pris la décision, devant cette hégémonie allemande en marche, et en vue d’éviter le désastre final, la domination de son pays par l’élément allemand, de prendre des dispositions particulières de protection. Il aurait reculé devant la discussion et la lutte à entreprendre avec un état si fortement armé que l’Allemagne. Loin de paraître chercher la guerre, encore plus éloigné de la déclarer, il aurait même craint de la provoquer, tant il eût redouté de déchaîner les horreurs qu’allait entraîner un conflit moderne entre de grandes nations. En quelque vingt ans de paix le monde se fût trouvé Germanisé, l’humanité ligotée.

Mais le gouvernement de Berlin, grisé par sa puissance et emporté par un parti pangermaniste aveugle, pleinement confiant d’ailleurs en son armée supérieure à toute autre, ne craignait pas de recourir aux armes et d’ouvrir une ère de lourdes hécatombes et de redoutables aventures pour hâter cette domination du monde qui lui était réservée, à son sens.

L’Allemagne de 1914 a d’ailleurs couru avec élan aux armes, pour appuyer ses grandioses et folles aspirations et sans mesurer la grandeur des crimes qu’elle assumait devant l’humanité. Elle était bien devenue une Grande Prusse.

De tout temps, la Prusse, foyer de hobereaux et berceau du militarisme comme aussi d’une philosophie fortement positive, avait entretenu une