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AMOUR TIMIDE



Ces orfèvres en mots, faux amants, faux poètes,
Qui s’en vont comparant leurs amours aux volcans
Font, sans émotion, de rimes toutes prêtes,
À leurs ternes pensers des panaches clinquants.

Comme ces Elisas, aux mines inquiètes,
Qui, mourant de dégoût, ont des airs provocants,
Raccolant le lecteur au « pssitt ! » des épithètes,
Ils exposent leur cœur flasque à tous les encans !

Ô blonde ! l’amant vrai, le poète de l’âme
Devant son propre cœur a des pudeurs de femme.
Ainsi, quand j’ai blêmi sous ton sarcasme amer,

Si jamais je ne fus plus bête de ma vie,
C’est qu’alors ma raison, éperdument ravie,
Se noyait dans tes yeux, profonds comme la mer !