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VUE PHYSIOLOGIQUE, ETC.

dirait que, dans l’esprit de Buffon, la migration de ces éléphants ne s’est pas faite sans un certain ordre déterminé et presque sans quelque solennité.

Au contraire, Cuvier pose, dès l’abord, une cause instantanée, violente.

« Les irruptions, les retraites répétées des eaux, dit-il, n’ont point toutes été lentes, ne se sont point toutes faites par degrés ; au contraire, la plupart des catastrophes qui les ont amenées ont été subites. Et cela est surtout facile à prouver pour la dernière de ces catastrophes, pour celle qui, par un double mouvement, a inondé et ensuite remis à sec nos continents actuels, ou du moins une grande partie du sol qui les forme aujourd’hui. Elle a laissé encore dans les pays du nord des cadavres de grands quadrupèdes que la glace a saisis, et qui se sont conservés jusqu’à nos jours avec leur peau, leur poil et leur chair. S’ils n’eussent été gelés aussitôt que tués, la putréfaction les aurait décomposés. Et, d’un autre côté, cette gelée éternelle n’occupait pas auparavant les lieux où ils ont été saisis ; car ils n’auraient pas pu vivre sous une pareille température. C’est donc le même instant qui a fait périr les