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VUE PHYSIOLOGIQUE

Écoutons Gmelin lui-même encore tout ému des choses étonnantes qu’il vient de voir : « Nous ne révoquons point en doute, dit-il, un fait constaté par une médaille, une statue, un bas-relief, un seul monument de l’antiquité ; pourquoi refuserions-nous toute croyance à une aussi grande quantité d’os d’éléphants ? Ces espèces de monuments sont peut-être beaucoup plus anciens, plus certains et plus précieux que toutes les médailles grecques et romaines. Leur dispersion générale sur notre globe est une preuve incontestable des grands changements qu’il a éprouvés. Je conjecture que les éléphants se sont enfuis des lieux qui étaient jadis leur patrie, pour éviter leur destruction. Quelques-uns auront échappé en allant très-loin, mais ceux qui se seront réfugiés dans les pays septentrionaux seront tous morts de froid et de faim ; les autres, morts de lassitude ou noyés dans une inondation, auront été emportés au loin par les eaux[1]. »

Pallas, avant son voyage, repoussait l’idée de Gmelin. C’est qu’il jugeait sans avoir vu. Il croyait

  1. Voyage en Sibérie, par Gmelin, traduction de M. de Keralio, 1767.