Lorsque Pallas arriva à Irkoutsk, il y trouva encore deux pieds et la tête, et les reconnut, du premier coup d’œil, pour appartenir à un rhinocéros. La tête était couverte de son cuir ; les paupières n’étaient pas tout à fait tombées en corruption ; sous la peau, des parties charnues putréfiées existaient encore. Pallas remarqua aux pieds des restes très-sensibles de tendons et de cartilages.
Un fait, tout pareil, devait se reproduire encore quelques années plus tard, et c’est Cuvier qui va nous le raconter :
« En 1799, un pêcheur Tougouse remarqua, dit-il, sur les bords de la mer Glaciale, près de l’embouchure de la Léna, au milieu des glaçons, un bloc informe qu’il ne put reconnaître. L’année d’après, il s’aperçut que cette masse était un peu plus dégagée, mais il ne devinait point encore ce que ce pouvait être. Sur la fin de l’été suivant, le flanc tout entier de l’animal et une des défenses étaient distinctement sortis des glaçons. Ce ne fut que la cinquième année que, les glaces ayant fondu plus vite que de coutume, cette masse énorme vint échouer à la côte sur un banc de sable. Au mois de mars 1804, le pêcheur enleva les défenses dont il se