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VUE PHYSIOLOGIQUE

ces ruines, tous ces décombres constituent le sol que nous foulons aujourd’hui.

Telle a été la série des révolutions du globe.

Passons à l’étude de ses anciens et premiers habitants.

C’est à l’occasion des coquilles fossiles qu’est née la première idée du déplacement des mers. Cette grande idée du déplacement des mers, les anciens l’ont eue comme nous, et c’est le même fait qui la leur avait donnée : la dispersion des coquilles marines sur la terre sèche. On trouve partout des traces de cette idée : dans Strabon, dans Sénèque, dans Pline, etc. Ovide nous dit (Métamorphoses, liv. XV) :

Vidi ego quod fuerat quondam solidissima tellus,
Esse fretum:vidi fractas ex æquore terras,
Et procul à pelago conchæ jacuere marinæ,
Et vetus inventa est in montibus anchora summis;
Quodque fuit campus, vallem decursus aquarum
Fecit, et eluvie mons est deductus in æquor.

Ovide ne doutait pas, comme vous voyez, que la mer n’eût recouvert la terre sèche : toute l’antiquité prenait, sans difficulté, les coquilles fossiles pour de vraies coquilles.

La seule philosophie scolastique, qui voulait entendre finesse à tout, s’avisa de prendre les