Page:Flourens - De la longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe (1855).djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 56 —

retiendrait ensemble les éléments du corps vivant, tandis qu’elle est, au contraire, un ce ressort qui les meut et les transporte sans cesse. » — « Ces éléments, ajoute-t-il, ne conservent pas un instant les mêmes rapports et les mêmes connexions, ou, en d’autres termes, le corps vivant ne garde pas un instant le même état et la même composition : » dernière phrase très-remarquable, surtout sous la plume d’un esprit si sûr, et qui n’est pourtant que l’énonciation nouvelle d’une idée fort ancienne dans la science.

Longtemps avant Cuvier, Leibnitz avait dit : « Notre corps est dans un flux perpétuel comme une rivière, et des parties y entrent et en sortent continuellement ; » et, longtemps avant Leibnitz, les physiologistes avaient comparé le corps humain au fameux vaisseau de Thésée, qui était toujours le même vaisseau, quoique, à force d’avoir été réparé, il n’eût plus une seule des pièces qui avaient servi à le construire[1]. La vérité est que l’idée de la réno-

  1. « On dit bien d’un individu, en particulier, qu’il vit et qu’il est le même, et l’on en parle comme d’un être