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Le 29 mars, j’étais à Paris.

Le souvenir de la joie que j’éprouvai, en m’y retrouvant, me fait, après quatorze ans, encore battre le cœur, mais la douleur que j’eus de ne pas voir Blanqui à l’Hôtel de Ville, au milieu de ses amis, me parut d’un mauvais augure, et me consterna. Hélas ! il fallut s’y résigner.

Le 6 avril, plusieurs membres de la Commune me proposèrent d’aller à la recherche de Blanqui ; Tridon s’y opposa, et proposa à ses collègues une négociation avec Versailles, pour arriver à l’échange de Blanqui contre les otages. Il démontra qu’il en serait beaucoup mieux ainsi, Granger et Pilhes étant déjà partis pour découvrir le séjour du grand citoyen, car Thiers avait si bien pris ses dispositions que rien ne transpirait sur le sort réservé au prisonnier brutalement arrêté et séquestré avec les plus minutieuses précautions.

Le 9 avril, Rigault me fit dire de passer à la Préfecture.

Je m’y rendis aussitôt. Il vint à ma rencontre et me dit :

— Eh bien, voilà ce que nos amis et moi avons arrêté. Nous allons commencer, par l’intermédiaire de l’archevêque qui est à Mazas, une négociation afin qu’on nous rende Blanqui qui se trouve entre les griffes des coquins de Versailles. Veux-tu te charger de cette affaire ?

— Je suis prêt, lui dis-je, à tout faire pour que Blanqui soit à l’Hôtel de Ville au milieu de vous.

— À la bonne heure ; je n’attendais pas moins de toi ! Rends-toi à Mazas et entends-toi avec Darboy, tu as carte blanche.

Il me remit un permis ainsi conçu :