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que vous allez signer l’ordre de faire élargir Blanqui, et je vous amène ici, demain, les soixante-quatorze otages.

Nouveau refus de M. Thiers. Devant cette détermination bien arrêtée je n’avais plus qu’à me retirer.

Le même jour, je quittai Versailles pour revenir à Paris ; j’allai aussitôt à Mazas pour rendre compte de ma démarche à l’archevêque et à M. Deguerry : je leur racontai, sans en rien omettre, les deux entrevues avec le chef du pouvoir exécutif et son refus obstiné.

Quand j’eus fini, M. Deguerry dit :

— Cet homme manque de cœur.

— Mieux vaudrait dire, ajouta l’archevêque, cet homme n’a pas de cœur.

Je les quittai pour aller voir Rigault, Ferré, Tridon, Vaillant, Eudes et mes autres amis de la Commune qui attendaient le résultat de ma mission.

Voici les lettres de MM. Darboy et Deguerry que j’avais portées à M. Thiers.


Mazas, 11 mai 1871.
Monsieur le Président,

Je vous prie instamment d’accorder quelques minutes d’audience à M. Flotte qui vous présentera cette lettre, et qui pourra vous faire connaître la situation de certains otages. Il vous remettra aussi une lettre de M. Deguerry à ce sujet.

Diverses personnes, le ministre des États-Unis ou son secrétaire, le nonce, peut-être, et M. Noriolt, délégué du maire de Londres, tenteront de vous soumettre de nouveau la proposition d’échange entre M. Blanqui et moi.

Comme ma vie est en jeu, je crois convenable de ne pas plaider la cause : mes arguments paraissant intéressés seraient affaiblis par là même. Je vous demande seulement de prendre en considération la lettre de M. Deguerry et d’entendre M. Flotte. Quelles que soient ses opinions politiques, c’est un homme droit