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Cependant, après avoir pris connaissance du petit mot dont j’étais porteur, et avoir réfléchi un instant :

— Je ne demande pas mieux que de m’occuper de cette affaire, dit-il, mais je ne veux rien pour moi.

— Qu’à cela ne tienne, lui répondis-je, il s’en trouver assez d’autres, soyez-en sûr, qui ne demanderont pas mieux que d’être compris dans l’échange, si la négociation aboutit.

M. Bazin se mit à rire, mais il répéta qu’il ne voulait rien pour lui, qu’un Breton n’avait pas peur de la mort, et, qu’au surplus, il y avait dans les otages des vies plus précieuses que la sienne.

Avant de le quitter, je lui offris mes services pour tout ce dont il pourrait avoir besoin. Il me remercia en me priant de revenir le lendemain pour prendre les deux lettres destinées à ses amis de Versailles.

Voici ces lettres, ainsi que le petit mot du citoyen Beslay :


Ce 8 mai 1871.
Mon Cher Bazin,

Le citoyen Flotte, porteur de ce petit mot, mérite toute ta confiance comme il a la mienne.

À toi de cœur,
Charles Beslay.


Paris, le 10 mai 1871.
Monsieur et Cher Ami,

Vous allez être étonné de recevoir une lettre de moi, et plus encore de la demande que je viens vous faire. Il s’agissait de dévouement, et votre nom s’est présenté tout d’abord à moi. La faute est donc à vous, s’il y a faute. Voici l’affaire.

Peut-être ne savez-vous pas que j’ai l’honneur d’être à la prison de Mazas avec les otages de la Commune, et c’est de ma cellule que je vous écris, non pour moi, car je ne serais plus